vendredi 28 avril 2017

Africa Check : Séparer la réalité de la fiction

Comment séparer la réalité de la fiction à cette  ère où les déclarations publiques et les informations ne sont pas toujours vérifiées ?. Tel est l'objet du carrefour d'actualités de ce 26 avril 2017 avec Peter Cunliffe - Jones, directeur exécutif et fondateur d'Africa Check (premiere organisation de Fact Checking d'Afrique. 'Assane Diagne , rédacteur en chef pour la section Afrique francophone a dirigé la séance . Des possibilités de partenariat avec le Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information (CESTI) ont été soulevées.
Pour mieux sonder le sujet, des éclaircissements sont apportés à partir de ces interrogations: Qu'est-ce qu'Africa Check ? Qu'est-ce que le Fact Checking ? et pourquoi ?

Au début, l'objectif était de travailler avec 4 pays dont le Sénégal, le Nigéria, le Kenya et l'Afrique du Sud. Mais pour quoi faire ?. Africa Check est une plateforme digitale disponible en anglais et en français, qui publie des rapports et fiches d'informations liées au travail des médias. L'objectif est de veiller à la protection du public face aux mauvaises ou parfois ''fausses informations'' qu'elle reçoit de certains médias et même des hommes politiques,...C'est une ONG qui organise aussi des concours et met en jeu des prix allant dans ce sens. La visée de la structure est désormais plus axée sur le continent d’où il y a 4 ans, la mise en place des prix dans 22 pays pour 130 journalistes.

LE FACT CHECKING

Cette tendance est née des pays anglo-saxons. 

Il sagit  de vérifier la fidélité des propos. Le journalisme traditionnel se base sur le rapport fidèle des propos sans pour autant toujours les analyser. Mais Africa Check prend les informations relayées par les médias et vérifie auprès des sources et données disponible grâce à une procédure pour finalement en montrer la véracité ou non. Il y a plus de 115 organisations dans le monde liées à la structure.

Selon Assane Diagne, de 2012 (date de création) à novembre 2015 , toute la production était en anglais avant de s'ouvrir au français. L'organisation est divisée en 4 bureaux avec chacun une dizaine de journalistes. Il existe des journaux francophones avec des rubriques Fact Cheking. Il sagit entre autres de Libération , Le monde infos, France 24,etc.

Le travail d'Africa Check n'est pas basé sur des faits divers mais sur
des sujets selon l’intérêt du public puisque s'il ne sagit que d'informations en général, il y en a assez. Les déclarations ciblées sont ceux susceptibles d'impacter sur la vie socio-environnementale, économique et sanitaire des populations. Ces déclarations doivent venir d'institutions publiques et ''sérieuses'' même s'il faut avouer qu'il se pose un probleme d’accès à l'information ou même quand on y accède, elles ne sont pas actualisées. Au delà de cette mission de vérification,Africa Check est également disponible pour des séances de formation et tout récemment une émission radio a été créée dans le domaine.

Samba Dialimpa Badji, chef adjoint à la rédaction d'Africa Check (depuis juillet 2017) affirme que ladite émission est bi-mensuelle et co-produite avec la WADR (West Africa Democratic Radio) au Sénégal, qui s'est montrée participative en mettant à disposition une journaliste. Pour lui, «c'est un échange fructueux et nous comptons élargir l'audience et toucher le public avec des travaux et enquêtes».

 La stratégie est de faire le tour de tout ce qui a été dit dans les médias puis expliquer au public quelle démarche adopter pour vérifier, vu la multiplicité des sources. Les citoyens ont également la possibilité d'interroger la structure sur une déclaration donnée afin que leurs doutes ou interrogations soient dissipés. C'est aussi une façon de former le public à la distinction entre l'intox et la vraie information. L'émission vise la participation et l'interaction puisqu'on permet au public d'envoyer des messages en direct.

SÉPARER LA FICTION DE LA RÉALITÉ

Africa Check use d'une méthodologie précise et souhaite que les journalistes s'y adonnent tous. «Quand on cherche à rencontrer les sources,
on a pas pratiquement pas de réponse, c'est surprenant» dit le directeur. L'un des travaux de fond effectués sur les réseaux sociaux est la vérification d'images car ces dernières qui illustrent les déclarations ou font objet de discussions sont trafiquées avec des logiciels comme Photoshop et autres. On vérifie aussi les légendes : ont-elles été trafiquées?. Voilà une infirme partie des critères permettant de séparer la fiction de la réalité. 

Avant qu'Africa Check n'étudie un propos, la question est posée de savoir quel est le rayonnement de la déclaration ? et quel est l'impact d'une fausse déclaration. Puisque informer c'est choisir, ce principe est pris en compte. Non seulement la déclaration ne doit pas être une opinion, mais elle ne doit pas aussi être une projection pour le futur, En bref, elle doit aller dans le sens public.

Par exemple, un titre repris par plusieurs médias et selon lequel «le Nigéria inaugure le 1er TGV (Train à grande vitesse) en Afrique» a fait couler beaucoup d'ancre et de salive mais en réalité, ce n'est pas vrai.

Apres vérification et rectification d'une déclaration étudiée par Africa Check, il est difficile de faire renoncer à l'individu ayant consommé cette déclaration, la conception qu'il a eu et l'idée qu'il s'en ai faite au départ. Bien que les éléments rectifiés sont envoyés aux organes concernés pour remplacement, ils ne le font pas toujours.


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