dimanche 5 mars 2017

Spiritualité : Pour un carême réussi en 5 questions

ECOUTONS L'ESPRIT - SAINT

  Période de jeûne et d'abstinence de quarante jours instituée par le christianisme au IV siècle en référence aux quarante jours de jeûne de Jésus-Christ dans le désert, le carême est une période d'approfondissement, de prière et de détachement des biens matériels en préparation de la fête de Pâques. C’est un temps de conversion au cours duquel le jeûne et le partage aident les chrétiens à se tourner vers Dieu en ouvrant leurs cœurs aux autres.
 Le carême dure 40 jours, du Mercredi des Cendres au Dimanche des Ramaux puis se termine par un période de célébrations plus intenses, appelées la Semaine Sainte. Dans un entretien accordé à notre équipe, le père Michel Boucar TINE revient sur la signification du carême et nous dit comment traverser ce temps.

  Qu’est-ce que le Carême et quelle place occupe-t-il dans l’Eglise catholique ?

   
Pere Michel Boucar TINE
Du latin ‘‘quadragesima’’ qui signifie quarantième, le Carême est un temps de préparation de la fête de Pâques où l’
Église célèbre la Résurrection du Seigneur Jésus Christ. Ce temps qui dure quarante (40) jours a non seulement donné son nom à cette période de l’année liturgique (du mercredi des Cendres au jour de Pâques), mais surtout comporte en lui-même un grand symbolisme.

Le chiffre ‘40’ dans la Bible est le symbole de la vie naissante, de la maturation et de l’épreuve. Rappelons-nous que, pour l’homme de la Bible, après 40 semaines de grossesse il y a la naissance d’un nouveau-né (on n’en était pas encore aux 9 mois, tels que connus aujourd’hui !) ; ou bien le peuple hébreu a marché 40 ans au désert après sa sortie d’Egypte, avant d’accéder à la Terre Promise ; ou bien encore Jésus, après son baptême, a passé 40 jours au désert, lieu de ses tentations ; ou bien enfin l’Esprit Saint est descendu sur les Apôtres 40 jours après la Résurrection de Jésus et la Pâque juive.

 Si quarante (40) a autant d’importance aux yeux des croyants, c’est pour dire qu’il leur rappelle leur temps de conception et de maturation, qui conduira à leur naissance en Dieu par la grâce du baptême. D’où le renouvellement des promesses baptismales et le baptême des catéchumènes à la Veillée Pascale.
Le Carême nous aide donc à nous mettre en route vers Pâques à la lumière de notre baptême.

         Comment prier en temps de Carême ?

Pour prier en ce saint temps de Carême, il nous faut comme toujours d’ailleurs, être à l’écoute du Saint Esprit qui nous inspire les paroles et la manière de prière. C’est lui l’Esprit qui nous fait crier vers Dieu : « Abba-Père », écrit saint Paul.
 Personnellement, j’affectionne, particulièrement durant ce temps, la lecture méditative et priante de la Bible appelée « Lectio Divina ». Les autres façons de prier (tels le chapelet, la prière des heures, l’adoration eucharistique,…) ne sont pas laissées en rade mais au contraire elles sont intensifiées.
 Le Carême est éminemment un temps de face à face, de cœur à cœur avec Dieu, donc tout ce qui faciliterait ce rendez-vous est le bienvenu. 

          Comment réussir le carême ?

Réussir son carême passe par une conversion véritable de notre cœur et une foi indéfectible en la parole et en la puissance de Dieu.

 Il s’agit là d’une attitude de confiance et d’abandon au Seigneur qui fait toutes choses nouvelles et nous veut libres et libérés, purifiés et purs. Pour ceux qui s’attendent à une recette miracle, il n’y en a malheureusement pas. Je peux juste recommander, à la suite d’une longue tradition ecclésiale, issue de Jésus lui-même (Mt. 6, 1-18), les trois (03) « P » : la Prière, le Partage (ou l’aumône), la Privation (ou le jeûne).

Maintenant, comment voir que nous avons réussi notre Carême ?. Si, à Pâques, nous sortons de nos tombeaux avec Jésus ; si nous ressuscitons réellement en une nouvelle vie de convertis. Il s’agit d’une tension. Alors, n’attendons plus : entamons notre marche pour quarante jours dans notre désert intérieur pour nous refaire une bonne santé en Dieu      

Le Carême est-il synonyme de privation de nourriture et de boisson ?



Non, le verbe me pose un problème. Je préfère dire que le carême peut avoir pour synonyme privation de nourriture et de boisson. C’est dire que le jeûne est juste un moyen, connu sous le terme d’effort de carême, avec tant d’autres tels faire l’aumône, prier, se confesser, aider une personne dans le besoin, et pour me résumer, poser des actes de miséricorde.

L’on gagnerait à nous départir de cette conception médiévale qui veut se limiter à la privation qui est déjà une excellente chose mais écarte du carême beaucoup de fidèles qui ne peuvent pas (plus) le faire. Jésus, dans le passage de l’évangile du Mercredi des Cendres vient nous le rappeler.


     Un fidèle malade est-il obligé de faire le carême ?

Oui ! Et je suis catégorique là-dessus. Tout baptisé doit vivre le carême. La raison est simple et me permet de résumer tout ce que j’ai dit plus haut : Le carême est un temps de préparation de la première fête que les premiers chrétiens appelaient la « Fête des fêtes » : la Pâques.



Pour mieux la célébrer, pour ressusciter avec Jésus, nous avons besoin de changer quelque chose dans notre vie et de croire en la Bonne Nouvelle. Il ne s’agit pas seulement de privation de nourriture et de boisson (d’ailleurs, il faut respecter les prescriptions médicales pour être en bonne santé à Pâques), mais de conversion/renoncement et d’intimité avec le Seigneur.

Propos recueillis: Amen HEDJI, Rédacteur en Chef du journal ''Echos de Saint Joseph'' de Médina

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