vendredi 20 mai 2016

ÎLE DE GORÉE (SÉNÉGAL),TERRE HISTORIQUE

J'ai eu le privilège de visiter l’île de Gorée le 08 Avril 2016. Il est 10 heures et sous le soleil ardent de la ville de Dakar, les gens allaient et venaient de part et d’autre. Nous sommes à l’embarcadère, passage obligatoire pour échouer sur l’île de Gorée. L’endroit grouille de monde, il y a une multitude de touristes (africains et européens) qui faisaient la queue pour acheter le billet du transport. Certains étaient surexcités de découvrir ce paysage, cette terre dont l’histoire remonte à la traite négrière subie par nos aïeuls, tandis que d'autres étaient indifférents car ce n'est surement pas leur première fois. 

Accompagné de 3 compatriotes béninois qui étaient aussi contents que moi, j'étais animé d'une certaine joie car je découvre du nouveau. Une fois les tickets achetés, nous prenons place à bord de la chaloupe. C'est un grand bateau blanc motorisé, à 2 niveaux superposés et composé de plusieurs rangées de sièges. Il flottait sur l'océan bleu verdâtre qui scintillait grâce au reflet des rayons solaires. Malgré le soleil qui brillait de mille feux, le climat était froid mais les touristes se détendaient. Tous les visages étaient souriants et je n'avais qu'une seule envie: faire un tour en mer. Discussions, taquineries et prises de vues étaient de la partie. Erreur serait-ce de ne pas immortaliser ces moments intenses de plaisir. Les européens sont fascinés par la nature et la splendeur des terres africaines. Certaines commerçantes abordaient les touristes pour faire la publicité de leurs produits (perles, colliers, bracelets, tissus et tableaux d'arts...) puisque le grand marché de Castel est situé non loin. 

Le bateau a levé l'encre, ainsi s'annonce une balade pour atteindre l'autre bord de la rive. Apres quelques minutes de jouissance maritime, la chaloupe accosta. Le fait d'avoir vogué était si bien que j’arrêterais le temps si j'avais des pouvoirs. Sur les lieux, chaque touriste prend sa direction; tout était si beau que ça donnait envie d’être partout à la fois. Le choix porté par mes compatriotes et moi, était sur la "maison des esclaves". 

En réalité, c'est ce lieu historique qui fait souvent l'objet des visites effectuées par des hommes, femmes et enfants venus des 4 coins du monde. "La porte du non-retour" est le dernier passage qui menait les esclaves jusqu’à l'embarquement pour le Portugal, Haiti et les Amériques. Quand ils franchissaient cette porte, il leur était impossible de revenir en arrière. 

Comme nous l'expliquait le guide touristique du site de Gorée, la "porte du non-retour" donnait un accès direct à l'Océan Atlantique. Une tentative d'évasion d'un seul esclave l’entraînait à l'eau, suivi de toute une foule car ils avaient cous, pieds et mains liés par de grosses chaines qui pesaient énormément. Certains se laissaient embarquer mais d'autres préféraient se donner la mort pour sauver leur honneur et leur dignité. Avant d’être déportés, ils étaient hébergés dans des conditions misérables, entassés comme des sardines dans des cases sombres, retreintes et malpropres. 

Enfants, hommes et femmes étaient classés par catégorie puis il y avait également un abri pour les récalcitrants, ceux qui n'obéissaient pas à leurs maîtres. Avant d’êtres vendus ou troqués, les esclaves étaient marqués au fer chaud pour ne pas être confondus. Il fallait répondre à un certain nombre de critères pour traverser l'océan donc ceux qui n'avaient pas les aptitudes physiques étaient enfermés et engraissés avec des haricots pendant 3 jours. Quant aux malades, ils étaient jetés à la mer. 

Dans le rang des jeunes filles, seules les vierges effectuaient ce voyage et on les reconnaissait grâce à la forme de leurs seins qui étaient dodus, en forme et tenaient. Quelques unes étaient forcées à coucher avec leurs maîtres, violées et engrossées. Les enfants étaient séparés de leurs parents pour servir de main d'oeuvre dans les plantations de canne à sucre, ils subissaient une énorme violence psychologique car voir ses géniteurs subir la torture et la barbarie est un véritable traumatisme.

L'histoire des esclaves de Gorée est la même que celle de Ouidah (ville touristique du Bénin, site de la "porte du non-retour"). Ce qui fait la particularité du pays berceau du "Vodun" dans l'histoire est que durant leur parcours, les esclaves étaient soumis à des rituels qui les rendaient amnésiques: ils oubliaient tout de leurs cultures, origines et coutumes. Ce rituel consistait à les faire tourner autour de "l'arbre de l'oubli" (9 fois pour les hommes et 7 pour les femmes). 

Pendant cette sortie, le premier souvenir qui m'a traversé l'esprit est une des photos de ma mère qui descendait de la chaloupe il y a de cela quelques années quand elle était au Sénégal pour des raisons professionnelles. Voyager et découvrir est une aventure très passionnante. Le Sénégal est le troisième pays que je visite après le Togo et le Ghana.

 Quitter son pays à la découverte d'un autre monde permet de rencontrer des cultures et des pratiques différentes. Non seulement en fonction de cette expérience, cela nous permet de raisonner autrement mais aussi d'apprendre à nous adapter aux conditions de vie qui varient d'un milieu à un autre. 

Malgré tout le châtiment infligé à nos aïeuls, il est regrettable de constater que les occidentaux sont placés en haut de l'échelle dans certaines de nos sociétés africaines.          

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